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grippe aviaire : des mises au point s'imposent ...

grippe aviaire : des mises au point s'imposent ...

article récupéré sur www.univers-nature.com

Une propagation rapide aux causes multiples

prélèvement pour analyse sur un oiseau sauvageSi les oiseaux sauvages et notamment les migrateurs sont les cibles préférées des institutions, de nombreux éléments plaident en faveur d’autres causes et notamment de l’industrialisation du secteur de l’élevage avicole et des déplacements qu’il génère. Ainsi, une étude génétique, publiée en février 2006 dans la revue de l’académie américaine des sciences, très détaillée sur les différentes formes de virus H5N1 présentes en Chine et en différents points d’Asie du Sud-Est, montre que la forme du virus identifiée chez les oiseaux sauvages en Chine n’est pas présente dans la volaille domestique. Cette étude, qui n’a pas fait la Une des journaux, contrecarre ainsi la thèse des oiseaux migrateurs principaux responsables de l’épidémie.
Toutefois, l’aptitude à évoluer, du virus de la grippe aviaire, ne permet aucune certitude à l’heure actuelle, et il semble probable que cela soit plutôt un cocktail général de plusieurs facteurs qui ait généré la contamination que nous connaissons aujourd’hui.
S’il est quasi certain que les couloirs de migration utilisés par les oiseaux jouent un rôle dans la dissémination de la maladie, il est tout aussi certain que la propagation rapide du virus H5N1 suppose une diffusion au sein même du secteur avicole (vente d’animaux infectés, déplacement de matériel contaminé…).
Les marchés d’oiseaux vivants présentent évidemment les risques les plus évidents, mais à l’inverse de ce que l’on aurait tendance à croire, les élevages industriels confinés sont également des lieux de prédilection pour le virus. Dès lors que ces zones d’élevages industriels à haute densité sont touchées, le virus se trouve dans des conditions idéales pour se reproduire, l’infection peut se propager très rapidement entre unités, rendant beaucoup plus difficile le confinement des énormes quantités de virus produites.
élevage avicole industrielEn effet, il est quasiment impossible de confiner totalement un tel élevage. Pour un véritable confinement, il faudrait, en plus de l’unité d’élevage, divers lieux clos et spécialisés, directement accolés à la zone d’élevage (stockage de la litière propre et de l’alimentation, traitement de la litière salle, traitement des eaux usées, zone d’abattage, espace de stockage de l’ensemble des matériels et matériaux nécessaires à la production, désinfection stricte des entrées et sorties du personnel, etc.). En outre, la fourniture de l’élevage en œufs et poussins provenant de l’extérieur, pose un réel problème de traçabilité qui reste à résoudre. Bref, autant de points qu’il est impossible à maîtriser et qui expliquent en partie la propagation étonnamment rapide du virus à l’échelle de la planète.
Ce type d’élevage industriel "confiné" est également à l’origine de la quasi-totalité des échanges commerciaux internationaux. L’arrivée du virus H5N1 en Afrique, semble étroitement liée à ces échanges. Dans le cas du Nigéria, le virus est apparu d’emblée dans de grands élevages, situés à distance des concentrations d’oiseaux migrateurs. Ces élevages étaient pour la plupart approvisionnés de manière non-contrôlée en œufs provenant de Turquie et en poussins provenant de Chine…
transport commercial de volaille en Inde...A ces échanges permanents s’ajoutent le commerce des plumes, des déjections et des litières d’élevage qui sont utilisées pour l’alimentation animale et la fumure des terres agricoles. Disponible en grande quantité, il est courant de les valoriser, en Asie mais aussi en Europe de l’Est, en utilisant les fientes de volailles pour nourrir les poissons dans des bassins d’élevages ou en les répandant comme fumier dans les prés et champs. Ces 2 pratiques exposent de multiples animaux à une éventuelle contamination non-détectée ou non-déclarée. Le fait que ces pratiques perdurent encore légalement aujourd’hui, en pleine période d’épizootie, est criminel.
A la cause aviaire, depuis fin février, il convient d’ajouter les petits carnivores domestiques et notamment les chats. Néanmoins, des recherches hollandaises ont démontré que si le virus était effectivement présent dans les voies respiratoires et digestives des animaux contaminés, il n’est pas démontré que les félins puissent le transmettre à une autre espèce et notamment l’homme.
Enfin, dernière cause de propagation, l’aspect politique, avec des pays développés qui ont tardé à prendre la dimension réelle de l’épidémie. Cela a débouché sur une absence de moyen pour les organismes internationaux qui tiraient pourtant la sonnette d’alarme. En outre, pour le directeur de la FAO, "Les pays développés se sont tellement cristallisés sur les risques de pandémie qu’ils ont dépensé des milliards pour l’achat de médicaments ou de masques, au lieu de mettre le paquet pour enrayer l’épizootie dont le développement peut entraîner la pandémie (au lieu d'apporter un soutien aux pays en voie de développement où les conditions d'élevage et de distribution sont parfois très alléatoires, N.D.L.R). Mettre l’accent sur les animaux plutôt que les humains aurait permis, de surcroît, d’éviter les tentations de psychose collective que l’on voit dans les pays développés.